Solidarité Orient

PALESTINE: Jifna

un village pétri de mémoire biblique

Les origines de Jifna – à environ 8 km au nord de Ramallah en Cisjordanie – remontent à plus de mille ans avant le Christ. L’Ancien Testament le mentionne sous le nom de « Ophni » (Josué 18, 24 plus tard rebaptisé en Jifna, c’est-à-dire « les vignes ». Selon une tradition locale, la Sainte Famille, en route vers Jérusalem, se serait arrêtée à la source de la bourgade pour se reposer sous un figuier, dont les branches poussent encore de nos jours !

Les chrétiens y sont restés majoritaires pendant plus de 1500 ans ! Le village compte aujourd’hui environ 3000 habitants, dont 900 sont encore chrétiens, orthodoxes ou catholiques. L’église saint-Joseph a été construite en 1856. L’église orthodoxe Saint-Georges date de 1859.

La région a cependant connu un fort exode des chrétiens durant la deuxième intifada, entre 2000 et 2005. La vie pour les Palestiniens est difficile, même si on est chrétien. Il y a beaucoup de chômage, et le grand voisin israélien impose de multiples tracasseries en tous genres, compliquant grandement même les choses les plus simples comme visiter la famille « de l’autre côté ».

La paroisse s’attache néanmoins à maintenir le plus d’activités possible. « Nous organisons des consultations, il y a un groupe de la Légion de Marie pour les femmes et les jeunes, des réunions spécifiques pour les jeunes familles, différents groupes pour les jeunes de la classe de sixième jusqu’à la terminale ; les jeunes sont bien sûr catholiques, mais les orthodoxes aussi participent à nos rencontres car généralement l’église orthodoxe n’organise pas de rencontre spécifique pour les jeunes. Toutes ces activités se déroulent dans la maison paroissiale qui a besoin de travaux de restauration de fond en comble» témoigne Abouna Johny Bahbah, le curé latin de Jifna depuis 2018.

Un autre élément de fierté est l’école du village, comprenant un jardin d’enfants et une section primaire fondée en 1856 et dépendant du patriarcat latin, c’est-à-dire du diocèse. « Notre école accueille presque 200 élèves, dont une petite moitié de chrétiens. Notre devise est ‘‘Pour qu’ils te connaissent’’ (Ut cognoscant Te)  – précise le père Johny ; nous accueillons donc chacun dans le respect de sa religion. L’école est mixte. L’objectif de l’école est de fournir une solide formation scolaire mais aussi morale et sociale. Le but est également de communiquer aux jeunes l’amour de Dieu et de leur pays, et de leur offrir ainsi plus de chances pour démarrer leur vie ici. Il y a beaucoup de chômage dans la région. Une bonne éducation, c’est plus de chance de poursuivre des études et ainsi de décrocher un emploi et d’assurer de meilleures conditions de vie pour sa famille. Peut-être enrayerons-nous de la sorte l’exode qui frappe nos communautés… »

Un partenariat avec la paroisse Notre-Dame-d’Espérance de Louvain-la-Neuve
Louvain-la-Neuve, ville récente et particulièrement riche de sa diversité, incarne une forme contemporaine de Galilée des Nations. Les liens de la ville avec toutes les régions du monde ont été suscités par le rayonnement de l’université. Depuis cinquante ans, les paroisses de la cité ont manifesté beaucoup de dynamisme pour accueillir et souvent intégrer pour un moment ou pour longtemps des personnes venues d’ailleurs.

« Une cascade de liens ont conduit à la venue dans notre paroisse, en 2018, d’Ibrahim Shomali, chancelier du patriarcat latin de Jérusalem qui a permis de créer le lien avec le père Johny Bahbah. Une fois la relation d’amitié et de fraternité établie, la paroisse Notre-Dame d’Espérance a souhaité qu’elle se matérialise aussi par une aide concrète. Les fonds ainsi récoltés ont été transférés au père Johny par Solidarité-Orient, qui les a complétés pour atteindre la somme requise pour les travaux de restauration. Cette belle collaboration continue et renforce des liens et rend vivante l’union et la solidarité entre tous les chrétiens.

Abuna Johny : « Mais n’oubliez pas, je vous en prie mes chers amis, continuez à prier pour nous. Cela nous donne du courage de savoir que nous ne sommes pas seuls. Et puis, si et quand vous le pourrez, venez nous visiter : vous soutiendrez ainsi l’activité économique de la région et témoignerez concrètement au monde de la solidarité des chrétiens ! »

Il faut souligner que les finances du patriarcat latin, déjà dans une situation très difficile, ont été mises à rude épreuve par les confinements successifs de la crise covid. Dans le même temps, ses recettes propres ont dramatiquement diminué. Le tourisme, quasiment à l’arrêt pendant les années covid et maintenant à cause de la guerre, ne génère presque plus de revenus. L’équation est donc insoluble et la solidarité des chrétiens de par le monde avec leurs frères et sœurs de Terre Sainte est absolument indispensable pour poursuivre les activités de base